dominerait les huées de ceux qui pouvaient l’avoir connu jadis.
Telles sont les pensées qui fermentaient dans la cervelle de Louis pendant les vingt heures qu’il passa en chemin de fer, pour venir de Pau à Paris.
De Raoul, il ne s’en préoccupait aucunement, il en avait besoin encore, il était décidé à utiliser son habileté, puis il se proposait soit de s’en débarrasser au prix d’un gros sacrifice, soit de l’attacher à sa fortune.
On retrouve une trace de toutes ces idées dans un carnet que Louis portait sur lui lors de son voyage.
C’est à l’hôtel du Louvre qu’eut lieu la première entrevue entre les deux complices.
Tout prouve qu’elle fut orageuse.
Raoul — un garçon pratique — prétendait qu’ils devaient se trouver bien heureux des résultats obtenus, et que poursuivre des avantages plus grands serait folie.
— Que nous manque-t-il ? disait-il à son oncle — et cela, il l’écrivait quelques jours plus tard — qu’avons-nous à souhaiter ? Nous possédons plus d’un million, partageons et tenons-nous tranquilles. Nous avons eu du bonheur, crois-moi, ne tentons pas la fortune.
Mais cette modération ne pouvait convenir à Louis.
— Je suis riche, répondit-il, mais j’ai d’autres ambitions. Plus que jamais, je veux épouser Madeleine. Oh ! elle sera à moi, je l’ai juré. D’abord, je l’aime ; puis, devenant le neveu d’un des plus riches banquiers de la capitale, j’acquiers immédiatement une importance considérable.
— Poursuivre Madeleine, mon oncle, c’est courir de gros risques.
— Soit !… il me plaît de les courir. Mon intention est de partager avec toi, mais je partagerai le lendemain seulement de mon mariage. La dot de Madeleine sera ta part.
Raoul se tut, Clameran avait l’argent, il était maître de la situation.
— Tu ne doutes de rien, fit-il d’un air mécontent, t’es--