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a soif de renommée, était parfaitement décidé à garder pour lui seul ses conjectures.

— Je vais laisser marcher les autres, se disait-il, et j’irai seul de mon côté. Quand, plus tard, grâce à un incessant espionnage, à force de patientes investigations, j’aurai réuni les éléments d’une belle et bonne condamnation ; je démasquerai le coquin.

Du reste, il était radieux. Il trouvait donc enfin ce crime tant cherché qui devait le faire célèbre. Rien n’y manquait, ni les circonstances odieuses, ni le mystère, ni l’élément romanesque et sentimental représenté par Prosper et Madeleine.

Réussir semblait difficile, presque impossible ; mais Fanferlot, dit l’Écureuil, est plein de confiance en son génie d’investigation.

Cependant la visite de l’étage supérieur était terminée et on était redescendu dans le bureau de Prosper.

Le commissaire de police, si calme à son entrée, devenait de plus en plus soucieux. Le moment de prendre un parti approchait, et il hésitait encore, on le voyait.

— Vous le voyez, messieurs, commença-t-il, nos recherches n’ont fait que confirmer nos opinions premières.

M. Fauvel et le caissier eurent le même signe d’assentiment.

— Et vous, monsieur Fanferlot, continua le commissaire, que pensez-vous ?

L’agent de la sûreté ne répondit pas.

Occupé à étudier à la loupe la serrure du coffre-fort, il donnait les signes les plus manifestes de surprise. Sans doute il venait de faire quelque découverte de la dernière importance.

Sous le coup, en apparence, d’une émotion pareille, M. Fauvel, Prosper et le commissaire de police se levèrent vivement et entourèrent l’agent de la sûreté.

— Vous avez trouvé quelque indice ? demanda le banquier.

Fanferlot se retourna d’un air contrarié. Il se repro-