Fatalement, inévitablement, il devait être pris entre des événements que, lui-même, il avait préparés.
Interrogeant l’avenir, il n’apercevait que ruines et désastres.
De tous les côtés à la fois, le danger menaçait, pressant, impossible à conjurer.
Il avait à craindre également et Mme Fauvel, et sa nièce, et le banquier ; Gaston, découvrant la vérité, voudrait se venger ; Raoul lui-même, son complice, devait, en cas de malheur, se tourner contre lui et devenir son plus implacable ennemi.
Existait-il un moyen humain pour empêcher la rencontre de Valentine et de Gaston.
Évidemment non.
Or, l’instant de leur réunion devait être l’instant de sa perte.
Abîmé dans ses réflexions, il ne sentait pas le vol des heures. Le jour le surprit accoudé à sa fenêtre, exposant au vent du matin son front brûlant, et qui lui semblait près d’éclater sous l’effort de sa pensée.
— C’est en vain, murmura-t-il, que je cherche. Il n’y a rien à faire, rien qu’à gagner du temps, rien qu’à guetter une occasion.
La chute du cheval, à Clameran, disait, sans doute, ce que Louis entendait par une occasion.
Il referma sa fenêtre, se coucha, et si grande était son habitude du danger, qu’il s’endormit.
Nul pli sur son front, au matin, ne révélait ses angoisses de la nuit.
Il fut affectueux, gai, causeur, bien plus qu’il ne l’avait été jusqu’alors. Il voulut monter à cheval et courir le pays. Devenu, tout à coup, aussi remuant qu’il s’était montré calme, il ne parlait que d’excursions dans les environs.
La vérité est qu’il voulait occuper Gaston, l’amuser, détourner son esprit de Paris et surtout de Valentine.
Avec le temps, en y mettant beaucoup d’adresse, il ne désespérait pas de dissuader son frère de revoir son an-