Combattre les intentions d’un homme, c’est presque toujours les enfoncer plus profondément dans son esprit ; chaque argument fait l’effet d’un coup de marteau sur un clou.
En homme habile, il détourna la conversation, et, de la journée, il ne fut plus question de Paris, ni de Valentine.
C’est le soir seulement, lorsqu’il se trouva seul dans sa chambre, que, se posant résolument en face de la situation, Louis commença à l’étudier sous tous ses aspects.
Au premier abord, elle paraissait désespérée.
Certes, depuis vingt ans qu’ayant déclaré la guerre à la société, il vivait de son audace, puisant ses revenus aux sources de la crédulité et de la bêtise humaine, depuis vingt ans qu’il côtoyait les principes du Code, Louis de Clameran avait eu des heures difficiles.
Il avait été pris au jeu les mains pleines de cartes préparées ; il s’était vu traqué par toutes les polices de l’Europe, obligé de fuir, sous un faux nom, de capitale en capitale ; il avait vendu à des lâches son habileté à manier le pistolet et l’épée ; on l’avait arrêté, mis en prison, et il s’était miraculeusement évadé.
Il avait tout bravé ; il ne redoutait rien.
Son esprit pouvait concevoir et arrêter les plans les plus criminels ; il était capable de les exécuter froidement.
Et, cependant, à cette heure il était sans idées, et sa confiance, son impudence habituelles lui faisaient défaut.
Acculé dans une position qui lui paraissait sans issue, il était près de se résigner à cesser de lutter, à se rendre.
Oui, il se demandait s’il ne serait pas sage d’emprunter une grosse somme à son frère et de disparaître pour toujours.
Vainement il se mettait l’esprit à la torture, sa détestable expérience ne lui représentait aucune combinaison applicable aux circonstances présentes.