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S’il le sait, nous n’avons qu’à jouer des jambes. S’il l’ignore, rien n’est désespéré.

— Comment s’en assurer.

— En allant le lui demander, tout simplement.

Raoul eut un mouvement d’admiration.

— C’est joli, fit-il, mais dangereux.

— Il serait bien plus périlleux encore de rester. Quant à filer sur un simple soupçon, ce serait par trop niais.

— Et qui ira le trouver ?

— Moi !

— Oh ! fit Raoul, sur trois tons différents, oh ! oh !

L’audace de Clameran le confondait.

— Mais moi ? interrogea-t-il.

— Toi, tu me feras le plaisir de rester ici. Au moindre danger je t’expédie une dépêche et tu décampes.

Ils étaient arrivés devant la grille de la maison de Raoul.

— Voilà donc qui est entendu, dit Clameran, tu restes ici. Mais attention, tant que durera mon absence, redeviens le meilleur des fils. Prends parti contre moi, calomnie-moi si tu peux. Mais pas de bêtises. Pas de demandes d’argent… Allons, adieu !… Demain soir je serai à Oloron et j’aurai vu ce Clameran…


XVIII


Ce n’est pas sans les plus grands périls, sans des peines infinies, que Gaston de Clameran, en quittant Valentine, avait réussi à fuir.

Jamais, sans le dévoûment et l’expérience de son guide, le père Menoul, il n’aurait trouvé le moyen de s’embarquer.

Ayant laissé à Valentine les parures de sa mère, il