M. le marquis de Clameran dut être content, ce soir-là. Une lettre de Mme Fauvel lui annonça qu’elle consentait à tout. Elle demandait seulement un peu de temps.
Madeleine, lui disait-elle, ne pouvait rompre du jour au lendemain avec M. Bertomy. Puis, on devait s’attendre à des objections de la part de M. Fauvel, lequel aimait Prosper et l’avait tacitement agréé. Il était sage de laisser au temps le soin d’aplanir certains obstacles qu’on risquait de rendre insurmontables en les attaquant brusquement.
Une ligne de Madeleine, au bas de la lettre de sa tante, assurait son concours.
Pauvre jeune fille ! elle ne se ménageait pas. Le lendemain même, elle avait pris Prosper à part, et, abusant de son ascendant sur lui, elle lui avait arraché cette fatale promesse de ne plus chercher à la revoir, et même de prendre sur lui la responsabilité de cette rupture.
Il avait conjuré Madeleine de lui dire au moins les raisons de cet exil qui allait briser sa vie, elle lui avait simplement répondu que son honneur et son bonheur à elle dépendaient de son obéissance.
Et il s’était éloigné la mort dans l’âme.
Presque sur ses pas, le marquis de Clameran arrivait.
Oui, il avait l’audace de venir, en personne, annoncer à Mme Fauvel, que du moment qu’il avait sa parole et celle de sa nièce, il consentait à attendre.
Il comprenait, dit-il, la nécessité de la patience, sachant qu’il n’était pas fort sympathique à M. Fauvel.
Tenant, à cette heure, la tante et la nièce, il était sans inquiétudes. Il se disait que le moment viendrait où un déficit impossible à combler leur ferait souhaiter et presser son mariage.
Or Raoul faisait tout pour hâter ce moment.
Mme Fauvel étant allée, plus tôt que d’ordinaire, habiter sa propriété, Raoul, de son côté, s’était installé au Vésinet.
Mais la campagne ne le rendait pas plus économe. Peu à peu, il avait dépouillé toute hypocrisie, il ne venait