ganisent tout ce qu’ils touchent, ajouta de nouvelles douleurs à un supplice presque intolérable.
Cependant elle ne songeait pas à s’en prendre à Raoul. Ce fils, elle l’aimait toujours follement, et c’est le marquis qu’elle accusait d’abuser de la faiblesse ou de l’inexpérience de son neveu.
Elle se disait que, tombée à la discrétion d’un tel homme, elle devait s’attendre aux pires exigences ; puis elle s’efforça en vain de pénétrer son but.
Lui-même bientôt le lui apprit.
Après s’être plaint de Raoul plus amèrement que de coutume, après avoir montré à Mme Fauvel l’abîme creusé sous ses pieds, le marquis déclara qu’il n’apercevait qu’un moyen de prévenir une catastrophe :
C’était que lui, Clameran, il épousât Madeleine.
Il y avait longtemps que Mme Fauvel était préparée à toutes les tentatives d’une cupidité dont elle s’apercevait enfin.
Mais si elle renonçait à toute espérance de bonheur pour elle-même, si elle consentait au sacrifice de sa vie, c’est qu’elle comptait, à force d’abnégation et de courage, assurer la sécurité des siens compromise par sa faute.
La déclaration inattendue de Clameran l’atteignait dans le vif de ce qu’après tant de crises elle gardait encore de sensibilité.
— Et vous avez pu croire, monsieur, s’écria-t-elle indignée, que je prêterais les mains à vos odieuses combinaisons.
D’un signe de tête, le marquis répondit :
— Oui.
— À quelle femme, donc, pensez-vous vous adresser ? Ah ! certes, j’ai été bien coupable autrefois ; mais la punition, à la fin, passe la faute. Est-ce à vous de me faire si cruellement repentir de mon imprudence ! Tant qu’il s’est agi de moi seule, vous m’avez trouvée faible, craintive, lâche ; aujourd’hui vous vous adressez aux miens, je me révolte !…