soupçons de son mari voir tous les jours son fils, il fallait qu’elle le reçût chez elle.
Cette proposition seule fit horreur à une femme qui certes avait été bien imprudente, bien coupable même, mais qui était l’honneur même. Elle vit, par la pensée, Raoul introduit dans le sanctuaire de la famille, donnant la main à son mari, devenant, qui sait ? l’ami de ses fils, et tous ses sentiments honnêtes se révoltèrent.
— C’est impossible ! s’écria-t-elle, ce serait vil, odieux, infâme…
— Oui, répondit le marquis devenu songeur, mais ce serait le salut de l’enfant.
Mais elle sut, pour cette fois, résister. Elle résista avec une violence d’indignation, avec une énergie faites pour décourager une volonté moins ferme que celle du marquis de Clameran.
— Non ! répétait-elle, non, je ne saurais consentir.
Malheureuse ! sait-on, quand on quitte le droit chemin, quelles boues et quelles fondrières on affronte !
Elle avait dit : jamais, du plus profond de son âme, et à la fin de la semaine elle en était, non plus à repousser désespérément ce projet, mais à en discuter les moyens.
Voilà où l’avait conduite une marche savante. Éperdue, harcelée, elle se débattait vainement entre les insistances poliment menaçantes de Clameran et les prières et les câlineries de Raoul.
— Mais comment ? disait-elle… sous quel prétexte recevoir Raoul ?
— Ce serait fort simple, répondait Clameran, s’il s’agissait de l’admettre comme on admet un étranger. J’ai bien l’honneur, moi, d’être des habitués de votre salon…. Pour Raoul, il faut mieux.
Ce n’est qu’après avoir longtemps torturé Mme Fauvel, après avoir brisé sa volonté, presque sa raison, par de continuelles alternatives de terreur ou d’attendrissement, qu’il révéla son projet définitif.
— Nous tenons, dit-il enfin, la solution du problème ; c’est une véritable inspiration.