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Non ! mère chérie, non…

— Tu vois bien, insista Louis, qu’il faut nous écouter.

— Je ne demande pas mieux, mais plus tard. Je travaillerai, je gagnerai énormément d’argent.

— À quoi ? pauvre enfant ; comment ?

— Dame !… je ne sais pas ; mais soyez tranquille, je chercherai, je trouverai.

Il était difficile de faire entendre raison à ce jeune présomptueux. Louis et Mme Fauvel eurent à ce sujet de longs entretiens, et ils se promirent bien de lui forcer la main.

Seulement, choisir une profession était malaisé, et Clameran pensa qu’il serait prudent de réfléchir, de consulter les goûts du jeune homme. En attendant, il fut convenu que Mme Fauvel mettrait à la disposition du marquis de quoi subvenir à toutes les dépenses de Raoul.

Voyant en ce frère de Gaston un père pour son enfant, Mme Fauvel en était venue rapidement à ne plus pouvoir se passer de lui. Sans cesse elle avait besoin de le voir, soit pour le consulter au sujet d’idées qui lui venaient, soit pour lui adresser mille recommandations.

Aussi fut-elle très-satisfaite, le jour où il lui demanda de lui faire l’honneur de le recevoir chez elle ouvertement.

Rien n’était si facile. Elle présenterait à son mari le marquis de Clameran comme un vieil ami de sa famille, et il ne tiendrait qu’à lui de devenir un intime.

Mme Fauvel ne devait pas tarder à s’applaudir de cette décision.

Ne pouvant absolument continuer à voir Raoul tous les jours ; n’osant, si elle lui écrivait, recevoir ses réponses, elle avait de ses nouvelles par Louis.

Les nouvelles ne restèrent pas longtemps bonnes, et moins d’un mois après le jour où Mme Fauvel avait retrouvé son fils, Clameran lui avoua que Raoul commençait à l’inquiéter sérieusement.

Le marquis s’exprimait d’un ton et d’un air à donner froid au cœur d’une mère ; non sans embarras pourtant,