qu’elle n’avait qu’à s’occuper de cette union et à la presser autant que possible.
Madeleine mariée irait habiter avec son mari et lui laisserait la libre disposition de ses journées.
Le soir même, elle osa parler la première de Prosper et, avec une duplicité dont elle eût été incapable quelques jours plus tôt, elle arracha le dernier mot de Madeleine.
— Ah ! c’est ainsi, mademoiselle la mystérieuse, disait-elle gaîment, que vous vous permettez de choisir entre tous vos soupirants sans ma permission !
— Mais, ma bonne tante, il me semble…
— Quoi ! que je devais deviner ? c’est ce que j’ai fait.
Elle prit un air sérieux, et ajouta :
— Cela étant, il ne reste plus qu’à obtenir le consentement de maître Prosper. Le donnera-t-il ?
— Lui ! ma tante. Ah ! s’il avait osé !…
— Ah ! vraiment, tu sais cela, mademoiselle ma nièce ?…
Intimidée, confuse, toute rouge, Madeleine baissait la tête, Mme Fauvel l’attira vers elle :
— Chère enfant, poursuivait-elle, de sa plus douce voix, pourquoi craindre ? N’as-tu donc pas deviné, toi, si rusée, que depuis longtemps ton secret est le nôtre ? Prosper serait-il donc admis à notre foyer comme s’il était de la famille, s’il n’était d’avance agréé par ton oncle et par moi ?
Un peu pour cacher sa joie, peut-être, Madeleine se jeta au cou de sa tante en murmurant :
— Merci ! oh ! merci, tu es bonne, tu m’aimes…
De son côté, Mme Fauvel se disait :
— Je vais, sans retard, engager André à encourager Prosper ; avant deux mois ces enfants peuvent être mariés.
Malheureusement, emportée dans le tourbillon d’une passion qui ne lui laissait pas une minute de réflexion, elle remit ce projet.
Passant à l’hôtel du Louvre, près de Raoul, une partie