Apprenant que la demoiselle du château était bien malade, il ne songea plus qu’au moyen de la rassurer sur le sort du fugitif. Il trouva plusieurs prétextes pour venir à La Verberie, et enfin réussit à voir Valentine. Ils n’étaient pas seuls, mais d’un regard le bonhomme fit entendre que Gaston n’avait plus rien à redouter.
Cette certitude fit plus pour la convalescence de Valentine que tous les remèdes, et peu après, le docteur, qui venait tous les jours depuis un mois et demi, déclara que la malade était en état de supporter les fatigues du voyage.
Ce moment, la comtesse l’attendait avec une indicible impatience. Déjà, pour que rien ne retardât le départ, elle avait vendu la moitié de ses rentes, et se disait qu’avec 25,000 fr., qui en étaient le prix, elle pouvait parer à toutes les éventualités.
Depuis une quinzaine, elle allait répétant partout que, dès que sa fille irait mieux, elle partirait pour l’Angleterre, où la demandait un de ses parents, très-vieux et encore plus riche.
Ce voyage, Valentine ne l’envisageait qu’avec terreur, et elle frissonna quand, le soir de la déclaration du docteur, sa mère lui dit :
— Nous partirons après-demain.
— Après-demain !… Et Valentine n’avait trouvé nul moyen encore de faire savoir à Louis de Clameran que son frère n’était pas mort.
En cette extrémité, elle n’hésita pas à se confier à Mihonne, et la chargea d’une lettre pour Louis.
Mais la fidèle servante fit une course inutile. Le château de Clameran était désert ; tous les domestiques avaient été congédiés, et M. Louis, qu’on appelait maintenant le marquis, avait quitté le pays.
Enfin on partit. Mme de La Verberie se croyant sûre de Mihonne, se décidait à l’emmener, non sans lui avoir fait jurer sur l’Évangile, pendant la messe, au moment de l’élévation, un éternel secret.
C’est dans un petit village au-dessus de Londres que