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Assise devant sa petite table de travail, elle avait retiré de sa poche la bourse qui lui avait été donnée par Gaston, et machinalement elle examinait les bijoux qu’elle contenait.

Certes, il lui eût été doux de passer à son doigt une de ces bagues, la plus petite, la plus simple, mais le pouvait-elle ? Sa mère ne lui demanderait-elle pas d’où elle venait ? Faudrait-il donc mentir encore.

Une dernière fois elle embrassa cette bourse, souvenir de l’absent, et c’est au fond d’un des tiroirs de sa commode qu’elle cacha le précieux dépôt.

Elle songeait alors qu’il lui fallait se rendre à Clameran, pour rassurer le vieux marquis et lui annoncer que son fils vivait encore, miraculeusement sauvé.

Lorsqu’il avait demandé ce service suprême à son amie, Gaston, aveuglé par la passion, n’avait pas réfléchi aux obstacles qu’elle rencontrerait, aux périls qu’il lui faudrait braver.

Valentine ne les voyait et ne les comprenait que trop. Mais elle avait juré. L’idée ne lui vint même pas de manquer à sa promesse ou de chercher un biais pour ne pas la tenter entièrement.

Le jour venait ; elle s’habilla.

Peu après, lorsque sonna l’Angelus matinal à l’église du village, elle se dit qu’il était temps de se mettre en route, et descendit.

Déjà, depuis longtemps, les servantes du château étaient levées. L’une d’elles, du nom de Mihonne, attachée particulièrement au service de Valentine, était occupée à passer au sable les dalles du vestibule.

— Si ma mère me demande, lui dit la jeune fille, tu lui répondras que je suis allée entendre la première messe.

Souvent elle se rendait à l’église à cette heure, elle n’avait donc rien à redouter de ce côté ; Mihonne ne fit aucune observation.

La grande difficulté, pour Valentine, était d’être de retour à l’heure du déjeuner. Elle devait faire plus d’une lieue avant de trouver un pont, et autant pour