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— Hélas ! je dois pourtant m’attendre à bien d’autres outrages.

— Vous !… Que voulez-vous dire ?

— Sachez donc, Gaston…

Elle s’interrompit, hésita un moment, et finit par dire :

— Rien, il n’y a rien, je suis folle.

Moins abandonné aux violences de la situation, le comte de Clameran eût deviné sous les réticences de Valentine quelque nouveau malheur ; mais il poursuivait son idée.

— Tout espoir n’est pas perdu, reprit-il. Mon amour et mon désespoir ont, je le crois, touché mon père, qui est bon. Peut-être mes lettres, quand je serai hors de danger, peut-être les instances de mon frère Louis le décideront-elles à demander pour moi votre main à Mme de La Verberie.

Cette supposition sembla épouvanter Valentine.

— Fasse le ciel ! s’écria-t-elle, que jamais le marquis ne tente cette démarche !

— Pourquoi ?

— Parce que ma mère repousserait sa demande ; parce que ma mère, il faut bien que je l’avoue, en cette extrémité, a juré que je serais la femme d’un homme ayant une grande fortune, et que votre père n’est pas riche.

— Oh ! fit Gaston révolté, oh !… Et c’est à une telle mère que vous me sacrifiez !

— Elle est ma mère, et c’est assez. Je n’ai pas le droit de la juger. Mon devoir est de rester, je reste.

L’accent de Valentine annonçait une résolution inébranlable, et Gaston comprit bien que toutes ses prières seraient vaines.

— Ah ! s’écria-t-il se tordant les mains de désespoir, vous ne m’avez jamais aimé !

— Malheureux !… ce que vous dites, vous ne le pensez pas !

— Non, continua-t-il, vous ne m’aimez pas, vous qui en ce moment où nous allons être séparés, avez l’affreux