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de la ville ; vite, revenons sur nos pas, on veut nous tromper !…

Ils revinrent en effet, et assez à temps précisément, pour voir, aux clartés indécises de la lune, dégagée pour un moment des nuages, Gaston qui franchissait le mur du potager.

— Voilà notre homme ! fit le brigadier de gendarmerie ; ouvrez l’œil, vous autres, et en avant, au galop !

Et tous, rendant la main à leurs chevaux, s’élancèrent vers l’endroit où ils avaient vu Gaston sauter.

Sur un terrain boisé, ou seulement accidenté, il est facile à un homme à pied, s’il est leste, s’il garde sa présence d’esprit, d’échapper à plusieurs cavaliers.

Or, le terrain, de ce côté du parc, était des plus favorables au jeune comte de Clameran. Il se trouvait dans d’immenses champs de garance, et chacun sait que la culture de cette précieuse racine, destinée à rester trois ans en terre, nécessite des sillons qui atteignent jusqu’à 60 et 70 centimètres de profondeur.

Les chevaux, non-seulement ne pouvaient courir, mais à grand’peine ils se tenaient debout.

Cette circonstance arrêta net les gendarmes qui tenaient à leurs bêtes. Seuls, quatre hussards se risquèrent. Mais leurs efforts furent inutiles. Sautant de sillon en sillon, Gaston eut vite gagné un espace très-vaste, encore mal défriché, et coupé des maigres plants de châtaigniers.

La poursuite offrait alors d’autant plus d’intérêt qu’évidemment le fugitif avait des chances. Aussi tous les cavaliers se passionnaient-ils, s’encourageant, poussant des cris pour s’avertir quand Gaston quittait un bouquet d’arbres pour courir à un autre.

Pour lui, connaissant admirablement le pays, il ne désespérait pas. Il savait qu’après les châtaigniers il rencontrerait des champs de chardons, et il se souvenait que les deux cultures étaient séparées par un large et profond fossé.

Il pensait que se jetant dans ce fossé, il y serait caché,