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pour la première fois depuis leur jeunesse, et la réputation de Mme Fauvel a toujours été au-dessus de la médisance. C’est donc dans le passé qu’il faut chercher le secret de cette domination d’une part, de cette résignation de l’autre.

— Nous ne saurons rien, murmura Prosper.

— Nous saurons tout, au contraire, quand nous connaîtrons le passé de Clameran. Ah ! quand ce soir j’ai prononcé le nom de son frère Gaston, Clameran a pâli et reculé comme à la vue d’un fantôme. Et moi, je me suis souvenu que Gaston est mort bien subitement, lors d’une visite de son frère.

— Croyez-vous donc à un meurtre !…

— Je puis tout croire de gens qui ont voulu m’assassiner. Le vol, mon cher enfant, n’est plus en ce moment qu’un détail secondaire. Il est aisé à expliquer, ce vol, et si ce n’était que cela, je vous dirais : Ma tâche est finie, allons trouver le juge d’instruction et lui demander un mandat.

Prosper s’était levé, la poitrine gonflée, l’œil brillant d’espoir.

— Oh ! vous savez… Est-ce possible !…

— Oui, je sais qui a donné la clé, je sais qui a donné le mot.

— La clé !… peut-être c’était celle de M. Fauvel. Mais le mot…

— Le mot ! malheureux, c’est vous qui l’avez livré. Vous avez oublié, n’est-ce pas ? Votre maîtresse, heureusement, a eu de la mémoire pour deux. Vous souvient-il d’avoir, deux jours avant le vol, soupé avec madame Gypsy, Lagors et deux autres de vos amis ? Nina était triste. Vers la fin du souper, elle vous fit une querelle de femme délaissée.

— En effet, j’ai ce souvenir bien présent.

— Alors, vous savez ce que vous avez répondu ?

— Prosper chercha un moment et répondit :

— Non.

— Eh bien ! pauvre imprudent, vous avez dit à Nina :