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fiévreuse impatience d’un accusé qui attend la décision de ses juges.

C’est dire avec quel empressement il courut au-devant de M. Verduret jusqu’au milieu de l’escalier.

— Que savez-vous ? disait-il ; qu’avez-vous appris ? Avez-vous vu Madeleine ? Raoul et Clameran étaient-ils au bal ?

Mais M. Verduret n’a pas l’habitude de causer dans les endroits où on peut l’entendre.

— Avant tout, répondit-il, entrons chez vous, et commencez par me donner un peu d’eau pour laver ce bobo qui me cuit comme le feu.

— Ciel ! vous êtes blessé !

— Oui, c’est un souvenir de votre ami Raoul. Ah ! il apprendra ce qu’il en coûte pour entamer la peau que voilà.

La colère froide de M. Verduret-Paillasse avait quelque chose de si menaçant que Prosper en restait interdit.

Lui, cependant, avait fini de panser son bras.

— Maintenant, dit-il à Prosper, causons. Nos ennemis sont prévenus, il s’agit de les frapper avec la rapidité de la foudre.

M. Verduret s’exprimait d’un ton bref et impérieux, que Prosper ne lui connaissait pas.

— Je me suis trompé, disait-il, j’ai fait fausse route ; c’est un accident qui arrive aux plus malins. J’ai pris l’effet pour la cause, il faut bien que je le confesse. Le jour où j’ai cru être assuré que des relations coupables existaient entre Raoul et Mme Fauvel, j’ai cru tenir le bout du fil qui devait nous conduire à la vérité. J’aurais dû me méfier, c’était trop simple, trop naturel.

— Supposez-vous Mme Fauvel innocente ?

— Non, certes, mais elle n’est pas coupable dans le sens que je croyais. Quelles étaient mes suppositions ? Je m’étais dit : « Éprise d’un jeune et séduisant aventurier, Mme Fauvel lui a fait cadeau du nom d’une de ses parentes et l’a présenté à son mari comme son neveu. Le