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Ce parti arrêté, il n’avait plus qu’à donner le change à ceux qui le suivaient.

— Il avait pris le boulevard de Sébastopol, et, quittant l’allure indécise qui trahissait ses hésitations, il se mit à marcher d’un bon pas.

Arrivé devant le square des Arts-et-Métiers, il s’arrêta brusquement. Deux sergents de ville le croisèrent, il les arrêta pour leur demander quelques renseignements insignifiants.

Cette manœuvre eut le résultat qu’il prévoyait, Raoul et Clameran se tinrent coi à vingt pas environ, n’osant avancer.

Vingt pas !… c’était tout ce qu’il fallait d’avance au paillasse. Tout en causant avec les sergents de ville, il avait sonné à la maison devant laquelle ils se trouvaient. Le bruit sec du cordon lui ayant appris que la porte était ouverte, il salua et entra vivement.

Une minute plus tard, les sergents de ville s’étant éloignés, Clameran et Lagors sonnaient à leur tour à cette porte.

On leur ouvrit, et ils firent lever le concierge pour lui demander quel était cet individu qui venait de rentrer, déguisé en paillasse.

Il n’avait pas vu, leur dit-il, rentrer le moindre masque, et, qui plus est, il n’était pas à sa connaissance qu’aucun de ses locataires fût sorti déguisé.

— Après cela, ajouta-t-il, je ne puis être sûr de rien, la maison ayant une autre issue sur la rue Saint-Denis.

— Nous sommes volés ! interrompit Lagors, nous ne saurons jamais qui est ce paillasse.

— À moins que nous ne l’apprenions trop tôt à nos dépens, murmura Clameran devenu pensif.

En ce moment même où Raoul et le maître de forges se retiraient plein d’inquiétude, le paillasse, rapide comme une flèche, arrivait à l’hôtel du Grand-Archange comme trois heures sonnaient.

Accoudé à sa fenêtre, Prosper le vit venir de loin.

C’est que depuis minuit, Prosper attendait avec la