ne fût-ce que dix mots de la conversation ; mais, avec le vent qu’il faisait, il n’arrivait pas à son oreille le plus vague murmure, et il n’osait approcher son oreille des vitres, dans la crainte d’être aperçu.
— Évidemment, pensait-il, c’est une dispute, mais il est clair que ce n’est pas une dispute d’amoureux.
Madeleine cependant continuait, et c’est en étudiant la figure de Lagors qu’il distinguait fort bien, éclairée qu’elle était par la lampe placée sur la cheminée, qu’il espérait trouver le sens de cette scène. Par moments, il tressaillait en dépit de son indifférence apparente, ou bien il frappait plus fort dans le foyer avec ses pincettes ; sans doute quelque reproche plus direct l’atteignait.
Désespérée, Madeleine en était venue à la prière ; elle joignait les mains, elle s’inclinait, elle était presque à genoux.
Il détourna la tête. Il ne répondait, d’ailleurs, que par monosyllabes.
Deux ou trois fois, Madeleine parut vouloir se retirer, toujours elle revenait, comme si, demandant une grâce, elle n’eût pu se résigner à sortir sans l’avoir obtenue.
À la dernière fois, elle trouva sans doute quelque raison décisive, car Raoul tout à coup se leva, ouvrit un petit meuble placé près de la cheminée et en sortit une liasse de papiers qu’il lui tendit.
— Ah ça ! pensait M. Verduret, quel diable de jeu jouent-ils ? Est-ce une correspondance compromettante qu’est venue réclamer cette jeune demoiselle ?
Madeleine, qui avait pris la liasse, ne paraissait pas encore satisfaite. Elle parlait et insistait de nouveau comme pour se faire remettre autre chose. Raoul refusant, elle jeta la liasse sur la table.
Ces papiers intriguaient singulièrement M. Verduret. Ils s’étaient éparpillés sur la table, et il les apercevait assez bien. Il y en avait de plusieurs couleurs, de gris, de verts, de rouges.
— Mais je ne m’abuse pas, pensait M. Verduret, je ne