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— Deux salons séparés par une cloison volante et un cabinet de travail.

— Où se tiennent les domestiques ?

— Raoul n’en a pas, à cette heure. Il est servi par des gens du Vésinet, le mari et la femme, qui viennent le matin et se retirent le soir après dîner.

M. Verduret se frotta joyeusement les mains.

— Alors, tout va bien ! fit-il ; ce sera le diable si nous ne parvenons pas à surprendre quelque chose de ce que disent Raoul et la personne venue de Paris à cette heure et par ce temps… Entrons.

Prosper eut un geste de protestation ; la proposition lui semblait vive.

— Y pensez-vous monsieur ? fit-il.

— Ah ! çà, répondit le gros homme d’un ton goguenard, pourquoi donc croyez-vous que nous sommes venus ici ? Espériez-vous une partie de plaisir ?

— Nous pouvons être découverts.

— Et après ?… Au moindre bruit révélant notre présence vous vous avancez hardiment comme un ami venu pour visiter son ami et qui a trouvé toutes les portes ouvertes.

Le malheur est que la porte, — une porte de chêne plein, — était fermée, et que M. Verduret la secoua vainement.

— Quelle imprudence ! murmurait-il d’un ton de dépit, on devrait toujours avoir ses instruments sur soi. Une serrure de rien, qu’on ouvrirait avec un clou, et pas un crochet, pas un morceau de fil de fer !

Reconnaissant l’inutilité de ses efforts, il quitta la porte pour courir successivement à toutes les fenêtres du rez-de-chaussée. Hélas ! toutes les persiennes étaient tirées et solidement assujetties.

M. Verduret semblait exaspéré. Il tournait autour de la maison, comme un renard autour d’un poulailler, furieux, cherchant une issue, n’en trouvant pas.

En désespoir de cause, il revint se placer à l’endroit du jardin d’où on découvrait le mieux la fenêtre éclairée.