Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est ici, dit-il à Prosper ; entrons…

Ils montèrent et s’arrêtèrent au second étage, devant une porte ornée d’un écusson de cuivre sur lequel on lisait : Modes et confections.

Le long de l’huisserie pendait un cordon de sonnette superbe, mais M. Verduret n’y toucha pas. Du bout du doigt il frappa très-légèrement d’une certaine façon, et aussitôt, comme s’il y eût eu quelqu’un à guetter ce signal, la porte s’ouvrit.

C’était une femme qui ouvrait. Elle pouvait avoir une quarantaine d’années, sa mise était simple, mais très-convenable. Sans bruit, elle fit passer Prosper et son compagnon dans une petite salle à manger fort propre, sur laquelle ouvraient plusieurs portes.

Devant M. Verduret, cette femme s’était inclinée très-bas, comme une protégée devant son protecteur.

Il répondit à peine au salut. Des yeux il interrogeait la femme. Son regard disait :

— Eh bien ?

La femme inclina affirmativement la tête.

— Oui.

— Là, n’est-ce pas ? fit M. Verduret à voix, basse, en montrant une des portes.

— Non, répondit la femme sur le même ton, de l’autre côté, dans le petit salon.

M. Verduret, aussitôt, ouvrit la porte qui lui était indiquée, et doucement il poussa Prosper dans le petit salon, en murmurant à son oreille :

— Entrez… et du sang-froid.

Mais à quoi bon des recommandations. Au premier regard jeté dans cette pièce où on le poussait malgré lui, sans l’avoir averti de rien, Prosper jeta un grand cri :

— Madeleine !…

C’était bien la nièce de M. Fauvel, en effet, belle, plus que jamais, de cette beauté calme et sereine qui impose l’admiration et commande le respect.

Debout, au milieu du salon, près d’une table couverte