Il n’y avait pas à se méprendre à l’intonation. Le mot : « il part, » ainsi prononcé, était une mortelle injure.
M. Verduret voulut ne rien remarquer.
— Il me paraît, reprit-il d’un ton léger, que la détermination de mon parent est raisonnable. J’ai voulu seulement, qu’avant de quitter Paris, il vint présenter ses respects à son ancien patron.
Un sourire amer plissa les lèvres du banquier.
— M. Bertomy, répliqua-t-il, pouvait s’épargner cette démarche pénible pour nous deux. Je n’avais rien à entendre, je n’ai rien à lui dire.
C’était un congé formel, et M. Verduret le comprenant ainsi, salua M. Fauvel et sortit en entraînant Prosper, qui n’avait pas prononcé une syllabe.
Dans la rue, seulement, le caissier recouvra la parole.
— Vous l’avez voulu, monsieur, fit-il d’une voix sourde, Vous l’avez exigé, je vous ai suivi. Êtes-vous content ? En suis-je plus avancé, d’avoir à ajouter cette humiliation sanglante à toutes les autres !
— Vous, non, répondit M. Verduret, moi, oui. Je ne pouvais arriver au banquier sans vous, et à cette heure je sais ce que j’avais intérêt à savoir : j’ai la certitude que M. André Fauvel n’est pour rien dans le vol.
— Oh ! monsieur, objecta Prosper, on peut feindre.
— Sans doute, mais pas à ce point. Et ce n’est pas tout : j’avais besoin, pour mon projet ultérieur, de savoir si votre patron serait accessible à certains soupçons. Maintenant, je puis hardiment répondre : Oui.
Prosper et son compagnon s’étaient arrêtés pour causer plus à l’aise, au coin de la rue Laffitte, au milieu d’un vaste terrain devenu libre depuis de récentes démolitions.
M. Verduret paraissait inquiet et tout en parlant, il détournait à tout moment la tête comme s’il eut attendu quelqu’un.
Bientôt, il laissa échapper une exclamation de satisfaction.
À l’extrémité de cette place improvisée, venait d’apparaître Cavaillon, il était tête nue, il courait.