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soirs, vers huit heures, tu viendras à l’hôtel du Grand-Archange, sur le quai Saint-Michel, me rendre compte de tes promenades et te faire payer. Tu demanderas M. Verduret. Si tu trouves notre homme, je te donnerai cinquante francs. Le marché te convient-il ?

— Peste ! je le crois bien, bourgeois.

— Alors, ne perds pas une minute, en route !

Bien qu’ignorant le plan de M. Verduret, Prosper commençait à s’expliquer le sens de ses investigations. Sa vie dépendait pour ainsi dire du succès, et cependant, il l’oubliait presque pour admirer la vivacité de ce singulier aide que lui avait légué son père, son sang-froid goguenard, la sûreté de ses inductions, la fertilité de ses expédients, la rapidité de ses manœuvres.

— Ainsi, monsieur, demanda-t-il, quand le commissionnaire se fut retiré, vous croyez toujours découvrir dans tout ce qui m’arrive la main d’une femme ?

— Plus que jamais, et d’une femme dévote, qui plus est, d’une femme, dans tous les cas, qui possédait au moins deux paroissiens, puisque pour vous écrire elle en a mutilé un.

— Et vous avez quelque espoir de le retrouver ?

— Dites un grand espoir, mon cher Prosper, grâce à des moyens que j’ai de recherches immédiates, moyens que je vais utiliser sur-le-champ.

Il s’assit sur ces derniers mots, et rapidement griffonna au crayon deux ou trois lignes sur une petite bande de papier qu’il roula et glissa dans son gilet.

— Vous êtes prêt, demanda-t-il, pour notre visite à M. Fauvel ? Oui ? Alors partons, nous aurons bien gagné notre déjeuner.