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de suivre, quant à présent, contre ledit, ordonnons qu’il sera extrait de la maison où il est détenu, et qu’il sera mis en liberté par le gardien, etc. »

Lorsqu’il eut achevé :

— Allons, dit-il à son greffier Sigault, voici un de ces crimes encore dont la justice n’a jamais le mot. Encore un dossier à déposer aux archives du greffe.

Et de sa main, sur la couverture, il inscrivit le numéro d’ordre : Dossier no 113.


VII


Il y avait neuf jours que Prosper Bertomy était en prison, au secret, lorsqu’un matin, un jeudi, le geôlier vint lui signifier l’ordonnance de non-lieu.

On le conduisit au greffe, on lui rendit plusieurs petits objets qui lui avaient été enlevés quand on l’avait fouillé à son arrivée : sa montre, un canif, quelques bijoux, et on lui fit signer une grande feuille de papier.

On le poussa alors dans un corridor sombre, très-étroit, une porte s’ouvrit qui se referma sur lui avec un bruit sinistre.

Il se trouvait sur le quai, il était seul, il était libre.

Libre ! c’est-à-dire que la justice se déclarait impuissante à le convaincre du crime dont on l’avait accusé.

Libre ! il pouvait marcher, respirer l’air pur, mais il allait trouver toutes les portes fermées à son approche.

L’acquittement après les débats, c’est la réhabilitation. L’arrêt de non-lieu laisse planer sur celui qui a été arrêté un éternel soupçon.

L’opinion a des rigueurs plus redoutables les « secrets ! »

En ce moment où la liberté lui était rendue, Prosper