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dices, j’en suis convaincu, le détermineront à faire relâcher le caissier. Il faut que Prosper soit libre, pour que je commence mes opérations.

— C’est entendu, patron. Mais, devrai-je laisser voir que je soupçonne un coupable autre que le patron ou le caissier ?

— Nécessairement. La justice ne doit pas ignorer que tu vas suivre cette affaire. M. Patrigent te chargera de surveiller Prosper ; réponds-lui que tu ne le perdras pas de vue. Je t’affirme, moi, qu’il sera en bonnes mains.

— Et s’il me demande des nouvelles de Gypsy ?

M. Lecoq hésita un moment.

— Tu diras, fit-il enfin, que tu l’as décidée, dans l’intérêt de Prosper, à se placer dans une maison où elle surveille quelqu’un que tu soupçonnes.

Fanferlot, tout joyeux, avait roulé la photographie, pris son chapeau et s’apprêtait à sortir. M. Lecoq le retint d’un geste.

— Je n’ai pas achevé, dit-il. Sais-tu conduire une voiture et soigner un cheval ?

— Quoi ! patron, vous me demandez cela, à moi, un ancien écuyer du cirque Bouthor !

— C’est juste. Puisqu’il en est ainsi, dès que le juge t’aura congédié, tu rentreras chez toi vivement, tu te composeras une tête et un costume de valet de chambre de bonne maison et tu te rendras, avec la lettre que voici, chez le placeur qui fait le coin du passage Delorme.

— Mais, patron…

— Il n’y a pas de mais, mon garçon ; ce placeur te présentera à M. de Clameran qui cherche un valet de chambre, le sien l’ayant quitté hier soir.

— Excusez-moi, si j’ose dire que vous vous trompez, mais ce Clameran ne réunit pas les conditions indiquées, il n’est pas l’ami du caissier.

— Voilà que tu m’interromps déjà, dit M. Lecoq, de sa voix la plus impérative ; fais donc ce que je te dis et ne t’inquiète pas du reste. M. de Clameran n’est pas