— Oh ! oh ! fit Fanferlot, accompagnant son exclamation d’un petit sifflement qui lui est habituel quand il croit avoir fait quelque trouvaille, oh ! oh !…
— Est-ce que tu vas l’ouvrir ? interrogea Mme Alexandre.
— Un peu, répondit Fanferlot, en faisant sauter le cachet avec une merveilleuse dextérité.
Il lut, et Mme Alexandre, penchée sur l’épaule de son « petit homme, » lut aussi :
« Prosper est en prison, accusé d’un vol qu’il n’a pas commis, j’en suis sûre. Déjà, il y a trois jours, je vous ai écrit à ce sujet… »
— Hein ! comment !… s’interrompit Fanferlot, cette péronnelle a écrit et je n’ai pas vu sa lettre !…
— Mais, mon bon petit homme, cette malheureuse peut avoir jeté sa lettre à la poste elle-même, lorsqu’elle est sortie pour aller au Palais de Justice.
— C’est possible, en effet, dit Fanferlot un peu calmé.
Il reprit sa lecture :
« … Je vous ai déjà écrit à ce sujet, et je n’ai pas de nouvelles. Qui donc viendra au secours de Prosper si ses meilleurs amis l’abandonnent ? Si vous laissiez cette lettre-ci sans réponse, je me croirai dégagée de certaine promesse que vous savez, et, sans scrupule, je raconterai à Prosper la conversation surprise par moi entre vous et M. de Clameran. Mais je puis compter sur vous, n’est-ce pas ? Je vous attendrai à l’hôtel du Grand-Archange, après-demain, de midi à quatre heures.
Cette lettre lue, Fanferlot, sans mot dire, se mit à la recopier.
— Eh bien ! demanda Mme Alexandre, qu’en dis-tu ?
Fanferlot réintégrait délicatement la lettre recopiée dans son enveloppe, lorsque la porte du « bureau de l’hôtel » s’ouvrit brusquement, et le garçon par deux fois siffla : Psitt ! psitt !…