— Pas dans un seul.
Le père Plantat ne répondit que par un mouvement de lèvres qui disait clairement : « Vous vous avancez peut-être beaucoup. »
M. Lecoq sourit, et, allant ouvrir la porte de la salle à manger, il appela :
— François.
Le valet de chambre de feu M. le comte de Trémorel accourut. La figure de ce brave garçon était décomposée. Fait inouï, bizarre, ce domestique regrettait son maître, il le pleurait.
— Écoute-moi bien, mon garçon, lui dit l’agent de la sûreté, le tutoyant avec cette familiarité qui caractérise les employés de la rue de Jérusalem, écoute-moi bien, et tâche en me répondant d’être exact, net et bref.
— J’écoute, monsieur.
— Avait-on l’habitude au château de monter du vin à l’avance ?
— Non, monsieur, moi-même, avant chaque repas, je descendais à la cave.
— Il n’y avait donc jamais une certaine quantité de bouteilles pleines dans la salle à manger ?
— Jamais, monsieur.
— Mais il devait quelquefois en rester en vidange.
— Non, monsieur ; feu monsieur le comte m’avait autorisé à emporter pour l’office le vin de la desserte.
— Et où mettait-on les bouteilles vides ?
— Je les plaçais, monsieur, dans le bas de cette armoire d’encoignure, et quand il y en avait un certain nombre, je les descendais à la cave.
— Quand en as-tu descendu, la dernière fois ?
— Oh !… — François parut chercher, — il y a bien cinq ou six jours.
— Bien. Maintenant, quelles liqueurs aimait ton maître ?
— Feu monsieur le comte, monsieur, — et le brave garçon eut une larme, — ne buvait presque jamais de liqueur. Quand par hasard il avait envie d’un petit verre