Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI


M. Lecoq s’engagea le premier dans l’escalier, et tout d’abord les taches de sang lui sautèrent aux yeux.

— Oh ! faisait-il, d’un air révolté, à chaque tache nouvelle, oh ! oh ! les malheureux.

M. Courtois fut très-touché de rencontrer cette sensibilité chez un agent de police. Il pensait que cette épithète de commisération s’appliquait aux victimes. Il se trompait, car M. Lecoq, tout en montant, continuait :

— Les malheureux ! On ne salit pas tout ainsi dans une maison, ou du moins on essuie. On prend des précautions, que diable !

Arrivé au premier étage, à la porte du boudoir précédant la chambre à coucher, l’agent de la sûreté s’arrêta, étudiant bien, avant d’y pénétrer, la disposition de l’appartement.

Ayant bien vu ce qu’il voulait voir, il entra en disant :

— Allons ! je n’ai pas affaire à de mes pratiques.

— Mais il me semble, remarqua le juge d’instruction, que nous avons déjà des éléments d’instruction qui doivent singulièrement faciliter votre tâche. Il est clair que Guespin, s’il n’est pas complice du crime, en a du moins eu connaissance.

M. Lecoq eut un coup d’œil pour le portrait de la bonbonnière. C’était plus qu’un regard, c’était une confidence. Évidemment il disait à la chère défunte ce qu’il n’osait dire tout haut.

— Je sais bien, reprit-il, Guespin est terriblement compromis. Pourquoi ne veut-il pas dire où il a passé la nuit ? D’un autre côté il a contre lui l’opinion publique, et alors, moi, naturellement je me défie.