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— Partons, dit-il.

Le père Plantat le suivait d’un pas plus assuré, et bientôt, accompagnés des hommes de M. Job, ils arrivèrent devant l’hôtel occupé par M. Wilson.

— Vous autres, dit M. Lecoq à ses agents, vous attendrez pour entrer que j’appelle, je vais laisser la porte entrouverte.

Au premier coup de sonnette, la porte s’ouvrit et le père Plantat et l’agent de la sûreté s’engagèrent sous la voûte. Le concierge était sur le seuil de sa loge.

M. Wilson ? demanda M. Lecoq.

— Il est absent.

— Je parlerai à madame, alors.

— Elle est absente aussi.

— Très-bien ! seulement, comme il faut absolument que je parle à Mme Wilson, je vais monter.

Le concierge s’apprêtait à une vive résistance, mais M. Lecoq ayant appelé ses hommes, il comprit à qui il avait affaire et, plein de prudence, il se tut.

L’agent de la sûreté posta alors six de ses hommes dans la cour, dans une position telle qu’on put aisément les apercevoir des fenêtres du premier étage, et ordonna aux autres d’aller se placer sur le trottoir en face, leur recommandant d’observer très-ostensiblement la maison.

Ces mesures prises, il revint au concierge.

— Toi, mon brave, commanda-t-il, attention. Quand ton maître qui est sorti va rentrer, garde-toi bien de lui dire que la maison est cernée et que nous sommes là-haut ; un seul mot te compromettrait terriblement…

Si menaçants étaient l’air et le ton de M. Lecoq, que le portier frémit, il se vit au fond des plus humides cachots.

— Je suis aveugle, répondit-il, je suis muet.

— Combien y a-t-il de domestiques dans l’hôtel ?

— Trois, mais ils sont sortis.