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qui t’accompagnera jusqu’à l’hôtel de M. Wilson. Arrivé là, tu sonneras, tu entreras seul et tu remettras au concierge la lettre que voici en disant qu’elle est de la plus haute importance et très-pressée. Ta commission faite, tu te mettras, ainsi que ton agent, en embuscade devant l’hôtel. Si M. Wilson sort, et il sortira, ou je ne suis plus Lecoq, ton compagnon viendra immédiatement me prévenir. Quant à toi, tu t’attacheras à M. Wilson et tu ne le perdras pas de vue. Il prendra certainement une voiture, tu le suivras avec la tienne, en ayant la précaution de monter sur le siège à côté du cocher. Et ouvre l’œil, c’est un gaillard fort capable de s’esquiver pendant la course par une des portières et de te laisser courir après une voiture vide.

— C’est bien, du moment que je suis prévenu…

— Silence donc, quand je parle. Il ira probablement chez le tapissier de la rue des Saints-Pères, cependant je puis me tromper. Il se peut qu’il se fasse conduire à une gare de chemin de fer quelconque, et qu’il prenne le premier train venu. En ce cas tu monteras dans le même wagon que lui et tu le suivras partout où il ira ; en ayant soin toutefois de m’expédier une dépêche dès que tu le pourras.

— Oui, monsieur, très-bien ; seulement si je dois prendre un train…

— Quoi ? Tu n’as pas d’argent ?

— Précisément.

— Alors — M. Lecoq sortit son portefeuille — prends ce billet de cinq cents francs, c’est plus qu’il n’en faut pour entreprendre le tour du monde. Tout est-il bien entendu ?

— Pardon… si M. Wilson revient purement et simplement à son hôtel, que devrai-je faire ?

— Laisse-moi donc finir. S’il rentre, tu reviendras avec lui et, au moment où sa voiture s’arrêtera devant l’hôtel, tu donneras deux vigoureux coups de sifflet, tu sais. Puis, tu m’attendras dans la rue, en ayant soin de garder ta voiture que tu prêteras à Monsieur, s’il en a besoin.