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à toutes les classes de la société, depuis l’habit à large revers, dernière mode, orné d’une rosette rouge, jusqu’à la blouse de laine noire du tyran de barrière. Sur une planche, au-dessus du portemanteau, s’étalaient sur des têtes de bois une douzaine de perruques de toutes nuances. À terre, étaient des chaussures assorties aux divers costumes. Enfin, dans un coin, se voyait un assortiment de cannes assez complet et assez varié pour faire rêver un collectionneur.

Entre la cheminée et la fenêtre se trouvait une toilette de marbre blanc encombrée de pinceaux d’essences et de petits pots renfermant des opiats et des couleurs ; toilette à faire pâlir d’envie une dame du Lac.

L’autre pan de mur était garni par une bibliothèque remplie d’ouvrages scientifiques. Les livres de physique et de chimie dominaient.

Enfin le milieu de la pièce était pris par un vaste bureau sur lequel s’empilaient, depuis des mois, sans doute, des journaux et des papiers de toute nature.

Mais le meuble, c’est-à-dire l’ustensile le plus apparent et le plus singulier de cette pièce était une large pelote de velours noir en forme de losange suspendue à côté de la glace.

À cette pelote, quantité d’épingles à tête fort brillante étaient piquées, de façon à figurer des lettres dont l’assemblage formait ces deux noms : hector-fancy.

Ces noms, qui resplendissaient en argent sur le fond noir du velours tiraient les yeux dès la porte et attiraient les regards de toutes les parties de la pièce.

Ce devait être là le memento de M. Lecoq. Cette pelote était chargée de lui rappeler à toute heure du jour les prévenus qu’il poursuivait. Bien des noms sans doute avaient tour à tour brillé sur ce velours, car il était fort éraillé.

Sur le bureau, une lettre inachevée était restée ouverte ; le père Plantat se pencha pour la lire, mais il en fut pour ses frais d’indiscrétion, elle était écrite en chiffres.