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Le docteur venait de se relever ; il reconnaissait l’inutilité de ses soins.

Vainement il s’était livré à toutes les manœuvres qu’indique l’expérience en matière de strangulation. Il avait, sans succès, pratiqué l’ouverture de la jugulaire.

— C’est bien fini, dit-il ; la pression a porté particulièrement entre l’os hyoïde et le cartilage thyroïde : l’asphyxie a dû être complète en très-peu d’instants.

Le corps du rebouteux était alors étendu à terre, sur le tapis de la bibliothèque.

— Il n’y a plus qu’à le faire reporter chez lui, dit le père Plantat ; nous l’y accompagnerons pour mettre les scellés sur tous ses meubles, qui pourraient bien contenir des papiers importants.

Et se retournant vers son domestique :

— Cours, lui dit-il, jusqu’à la mairie, demander un brancard et deux hommes de bonne volonté.

La présence du docteur Gendron n’était plus nécessaire ; il promit au père Plantat qu’il le rejoindrait, et sortit pour aller s’informer de l’état de M. Courtois.

Cependant, Louis n’avait pas tardé à reparaître, suivi non pas d’un homme de bonne volonté, mais de dix. On plaça sur le brancard le corps de Robelot et le funèbre cortége se mit en route.

C’est tout en bas de la côte, à droite du pont de fil de fer que demeurait le rebouteux d’Orcival. Il occupait seul une petite maison composée de trois pièces, dont une lui servait de boutique, et était encombrée de paquets de plantes, d’herbes sèches, de graines et de cent autres articles de son commerce d’herboristerie. Il couchait dans la pièce du fond, mieux meublée que ne le sont d’ordinaire les chambres à coucher de campagne.

Les porteurs déposèrent sur le lit leur triste fardeau.

Ils auraient été fort embarrassés, sans doute, si parmi eux ne s’était trouvé le « tambour de ville, » qui est en même temps fossoyeur d’Orcival. Cet homme, expert en tout ce qui concerne les funérailles, donna toutes les in-