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la maison était allé donner quelques ordres, il rajusta sa physionomie de la veille. Si bien que le père Plantat, en rentrant, n’en pouvait croire ses yeux ; il voyait là, près de la cheminée, son Lecoq, à l’air bénin, de l’instruction. C’étaient bien les mêmes cheveux plats, ces favoris d’un blond fauve, ce sourire idiot ; il jouait avec sa même bonbonnière à portrait.

Le déjeuner était servi et le vieux juge venait de prévenir ses hôtes. Silencieux comme le dîner de la veille, ce repas dura peu. Les convives sentaient le prix des minutes. M. Domini les attendait à Corbeil, et, sans doute, il commençait à s’impatienter de leur retard.

Louis venait de poser sur la table une magnifique corbeille de fruits, lorsque M. Lecoq pensa au rebouteux.

— Le misérable, dit-il, a peut-être besoin de quelque chose.

Le père Plantat voulait envoyer son domestique chercher maître Robelot, l’agent de la sûreté s’y opposa.

— C’est un gaillard dangereux, dit-il, j’y vais moi-même.

Il sortit, et dix secondes ne s’étaient pas écoulées que sa voix se fit entendre :

— Messieurs, criait-il, messieurs !  !  !

Le docteur et le juge de paix accoururent.

En travers de la porte du cabinet gisait le corps inanimé du rebouteux.

Le misérable s’était suicidé.