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XX


L’heure s’avançait, Hector et Berthe durent passer dans la chambre de Sauvresy. Il dormait. Ils s’installèrent sans bruit chacun d’un côté du feu comme tous les soirs, la femme de chambre se retira.

Afin que la lumière de la lampe ne gênât pas le malade, on avait disposé les rideaux de la tête du lit de telle façon que, couché, il ne pouvait voir la cheminée. Pour l’apercevoir, il lui fallait se hausser sur ses oreillers et se pencher en s’appuyant sur le bras droit.

Mais il dormait, d’un sommeil pénible, fiévreux, agité de frissons convulsifs. Sa respiration pressée et sifflante soulevait la couverture à intervalles égaux.

Berthe et Trémorel n’échangeaient plus une parole. Le silence morne, sinistre, n’était troublé que par le tic-tac de la pendule, ou par le froissement des feuillets du livre que lisait Hector.

Dix heures sonnèrent.

Peu après, Sauvresy fit un mouvement, il se retournait, il s’éveillait.

Légère et attentive comme une épouse dévouée, d’un saut, Berthe fut près du lit. Son mari avait les yeux ouverts.

— Te sens-tu un peu mieux, mon bon Clément ? demanda-t-elle.

— Ni mieux, ni plus mal.

— Souhaites-tu quelque chose ?

— J’ai soif.

Hector, qui avait levé les yeux aux premières paroles de son ami, se replongea dans sa lecture.

Debout devant la cheminée, Berthe préparait avec des soins minutieux la dernière potion prescrite par le docteur R… et qui nécessitait certaines précautions.