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— Non.

— Tous les domestiques sont bien couchés ?

— Je le suppose, du moins. Mais pourquoi ces questions ?

— C’est que depuis que je suis monté, c’est-à-dire depuis moins d’une demi-heure, quelqu’un est allé dans le jardin et est rentré.

Berthe le regarda d’un air singulièrement inquiet.

— Êtes-vous sûr de ce que vous dites ?

— Parfaitement. Il y a de la neige, et la personne qui est sortie en a rapporté à ses chaussures. Cette neige, tombée sur les dalles du vestibule, a fondu…

Mme  Sauvresy prit brusquement la lampe, interrompant Hector.

— Venez, disait-elle.

Trémorel ne s’était pas trompé. On voyait çà et là de petites flaques d’eau, très-apparentes sur les carreaux noirs.

— Peut-être cette eau est-elle là depuis assez longtemps, hasarda Berthe.

— Non. Il n’y avait rien tout à l’heure, j’en mettrais ma main au feu, et d’ailleurs, voyez, là, tenez, il y a encore un peu de neige qui n’a pas fondu.

— C’est sans doute un domestique ?

Hector était allé examiner la porte.

— Je ne le crois pas, répondit-il, un domestique aurait remis les verrous et, vous le voyez, ils sont tirés. C’est cependant moi qui, ce soir, ai fermé la porte, et je me rappelle parfaitement les avoir poussés.

— C’est extraordinaire.

— Et de plus, remarquez-le, les traces d’eau ne vont pas plus loin que la porte du salon.

Ils restèrent silencieux, palpitants, échangeant des regards pleins d’anxiété. La même pensée terrifiante leur venait à tous deux.

— Si c’était lui ?

Mais pourquoi serait-il allé au jardin ? Ce ne pouvait être pour les épier. Ils ne songeaient pas à la fenêtre.