gare. Ils se croisèrent à la grille et leurs yeux se rencontrèrent.
La reconnut-il ? Son visage exprima la plus vive surprise, cependant il ne salua point.
— Oui, il m’a reconnue, pensait Berthe en regagnant le Valfeuillu par le chemin du bord de l’eau.
Et surprise, un peu épouvantée de son audace, elle se demandait si elle devait s’affliger ou se réjouir de cette rencontre. Qu’en résulterait-il ?
À dix minutes de distance, Hector la suivait le long de cette route qui côtoie la Seine.
Il était, lui aussi, singulièrement étonné. Depuis longtemps déjà sa vanité, toujours en éveil, l’avait prévenu de ce qui se passait dans l’esprit de Berthe, mais bien que la modestie ne fût pas son défaut, il était loin de croire à un sentiment assez vif pour déterminer une pareille démarche.
— Elle m’aime, se répétait-il tout en marchant, elle m’aime !
Il ne savait encore à quoi se résoudre. Fuirait-il ? Resterait-il le même avec elle, feignant de ne la pas avoir aperçue ? Cependant, il n’y avait guère à hésiter. Il devait fuir vite, le soir même, sans hésiter, sans détourner la tête ; fuir comme si la maison eût été sur le point de s’écrouler sur sa tête.
Ce fut sa première pensée. Elle fut promptement étouffée sous l’explosion des passions basses et viles qui fermentaient en lui.
Ah ! Sauvresy lui avait tendu la main quand il se noyait ! Sauvresy le recueillait après l’avoir sauvé, il lui ouvrait son cœur, sa maison et sa bourse ; en ce moment même, il s’épuisait en efforts pour lui reconstituer une fortune.
Les hommes de la trempe du comte de Trémorel ne peuvent recevoir que comme des outrages tant et de si grands services.
Est-ce que son séjour au Valfeuillu n’était pas une souffrance continuelle ? Est-ce que du matin au soir son