— Ah ! soupirait-elle, ce n’est pas Sauvresy qui en ferait autant.
Non, Sauvresy n’était pas homme à se conduire comme le comte de Trémorel.
Dès le lendemain de l’arrivée du comte au Valfeuillu, il annonça son intention de s’occuper sans retard des affaires de son ami.
C’était à l’issue du déjeuner, dans la jolie serre disposée en salon qui suit la salle de billard.
Bien reposé, après une bonne et longue nuit dans un lit excellent, sans inquiétudes pressantes pour le moment, le désordre de ses vêtements réparé, Hector, n’avait plus rien du naufragé de la veille.
Il était de ces natures sur lesquelles les événements n’ont pas de prise, que vingt-quatre heures consolent des pires catastrophes, qui oublient les plus sévères leçons de la vie.
Chassé par Sauvresy, il n’eût su où aller, et cependant il avait repris déjà l’insouciance hautaine du viveur millionnaire, habitué à plier à son gré les hommes et les circonstances.
Il était redevenu impassible, froidement railleur, comme si des années s’étaient écoulées depuis sa nuit d’hôtel garni, comme si les désastres de sa fortune eussent été réparés.
Et Berthe s’étonnait de ce calme après de si surprenants revers, prenant pour de la force d’âme ce qui n’était chez Trémorel que puérile imprévoyance.
— Çà, disait Sauvresy, puisque je deviens ton homme d’affaires, donne-moi mes instructions et quelques notions indispensables. Quel est, ou était, comme tu voudras, le chiffre de ta fortune ?
— Je l’ignore absolument.
Sauvresy qui s’était armé d’un crayon et d’une grande feuille de papier blanc, prêt à ranger des chiffres en bataille, parut un peu surpris.
— Soit, reprit-il, mettons x à l’actif et passons au passif. Que dois-tu ?