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— Tenez, lui dit-elle, mettez vos objets là, sur ce bout de planchette, devant ce grillage garni de rideaux verts.

Au bout d’un moment, une voix qui paraissait venir d’une pièce voisine, cria :

— Douze cents francs, la montre et la bague.

L’énormité de la somme produisit une telle sensation que toutes les conversations s’arrêtèrent. Tous les yeux cherchaient le millionnaire qui allait empocher tant de louis. Le millionnaire ne répondait pas.

Heureusement la même femme qui avait déjà conseillé Hector lui poussa le bras.

— C’est pour vous, les douze cents francs, lui dit-elle, répondez si vous acceptez, ou non.

— J’accepte ! cria Hector.

Une joie profonde, immense, lui faisait oublier jusqu’à ses tortures de la nuit. Douze cents francs ! Que de jours représentait cette somme. N’avait-il pas entendu dire qu’il y a des employés qui ne gagnent guère que cela par an.

Les autres emprunteurs se moquaient de lui. Ils semblaient là comme chez eux. Ils avaient certaines façons de répondre : Oui, qui faisaient beaucoup rire. Quelques-uns causaient familièrement avec les employés ou faisaient des remarques.

Hector attendait depuis bien longtemps, lorsqu’un des employés qui écrivaient derrière un autre grillage, cria :

— À qui les douze cents francs ?…

Le comte s’avança, il comprenait le mécanisme.

— À moi, répondit-il.

— Votre nom ?

Hector hésita. Prononcer son noble nom tout haut, en pareil lieu, jamais. Il dit un nom en l’air :

— Durand.

— Où sont vos papiers ?

— Quels papiers ?

— Un passe-port, une quittance de loyer, un permis de chasse…