Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étudier ses goûts, deviner ses désirs, l’entretenir dans une tiède atmosphère de tendresse, telle était son existence. Elle était mère.

— Madame Gerdy est-elle visible ? demanda le père Tabaret à la bonne qui lui ouvrit.

Et, sans attendre la réponse, il entra comme chez lui en homme sûr que sa présence ne saurait être importune et doit être agréable.

Une seule bougie éclairait le salon et il n’était pas dans son ordre accoutumé. Le guéridon à dessus de marbre, toujours placé au milieu de la pièce, avait été roulé dans un coin. Le grand fauteuil de madame Gerdy se trouvait près de la fenêtre. Un journal déplié était tombé sur le tapis.

Le volontaire de la police vit tout cela d’un coup d’œil.

— Serait-il arrivé quelque accident ? demanda-t-il à la bonne.

— Ne m’en parlez pas, monsieur, nous venons d’avoir une peur, oh ! mais une peur…

— Qu’est-ce ? dites vite.

— Vous savez que madame est très-souffrante depuis un mois. Elle ne mange pour ainsi dire plus. Ce matin même, elle m’avait dit…

— Bien ! bien ! mais ce soir ?

— Après son dîner, madame est venue au salon comme à l’ordinaire. Elle s’est assise et a pris un des journaux de M. Noël. À peine a-t-elle eu commencé