Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/566

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Jamais !

— Alors je vais me livrer, et vous verrez ce qui en résultera pour ce nom qui vous est si cher.

Le comte, ivre de colère, bondit jusqu’à son bureau pour y prendre une arme. Noël se plaça devant lui.

— Oh ! pas de lutte, dit-il froidement, je suis le plus fort.

M. de Commarin recula.

En parlant de jugement, de scandale, de honte, l’avocat avait frappé juste.

Pendant un moment, pris entre le respect de son nom et le désir brûlant de voir punir ce misérable, le vieux gentilhomme demeura indécis.

Enfin le sentiment de la noblesse l’emporta.

— Finissons, prononça-t-il d’une voix frémissante et empreinte du plus atroce mépris, finissons cette discussion ignoble… Qu’exigez-vous ?

— Je vous l’ai dit, de l’argent, tout ce que vous avez ici, mais décidez-vous vite !

Dans la journée du samedi, le comte avait fait prendre chez son banquier des fonds destinés à monter la maison de celui qu’il croyait son fils légitime.

— J’ai 80,000 francs ici, reprit-il.

— C’est peu, fit l’avocat, cependant donnez. Je vous préviens que j’ai compté sur vous pour 500,000 francs. Si je réussis à déjouer les poursuites dont je suis l’objet, vous aurez à tenir à ma disposition