Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/558

Cette page a été validée par deux contributeurs.

après dix heures. Mais il n’aura pas osé aller au chemin de fer.

Vers le milieu de la rue de Richelieu, le père Tabaret fut pris d’un éblouissement.

— Je vais avoir une attaque, pensa-t-il. Si je meurs, Noël échappe et il reste mon héritier… Quand on a fait un testament, on devrait bien le porter toujours sur soi pour le déchirer au besoin.

Vingt pas plus loin, apercevant la plaque d’un médecin, il fit arrêter la voiture et s’élança dans la maison.

Il était si défait, si hors de soi, ses yeux avaient une telle expression d’égarement, que le docteur presque peur de ce singulier client qui lui dit d’une voix rauque.

— Saignez-moi !

Le médecin essaya une objection, mais déjà le bonhomme avait retiré sa redingote et relevé une des manches de sa chemise.

— Saignez-moi donc ! répéta-t-il ; voulez-vous me tuer ?…

Sur cette instance, le médecin se décida et le père Tabaret descendit rassuré et soulagé.

Une heure plus tard, muni des pouvoirs nécessaires et suivi d’un officier de paix, il procédait, au bureau des objets perdus au chemin de fer, aux recherches indiquées.

Ses perquisitions eurent le résultat qu’il avait prévu.