que la douleur lui avait troublé sa raison. Sa folie, en ce cas, était fort calme.
— Je n’en avais jamais douté, continua Claire, mais maintenant j’en ai la preuve la plus certaine.
— Songez-vous bien à ce que vous avancez, mon enfant ? interrogea le comte, dont les yeux trahissaient la défiance.
Mademoiselle d’Arlange comprit les pensées du vieux gentilhomme. Son entretien avec M. Daburon lui avait donné de l’expérience.
— Je n’avance rien qui ne soit de la dernière exactitude, répondit-elle, et facile à vérifier. Je sors à l’instant de chez le juge d’instruction, M. Daburon, qui est des amis de ma grand’mère, et après ce que je lui ai révélé, il est persuadé qu’Albert n’est pas coupable.
— Il vous l’a dit, Claire ! s’exclama le comte. Mon enfant, en êtes-vous sûre, ne vous trompez-vous pas ?
— Non, monsieur. Je lui ai appris une chose que tout le monde ignorait, qu’Albert, qui est un gentilhomme, ne pouvait lui dire. Je lui ai appris qu’Albert a passé avec moi dans le jardin de ma grand’mère, toute cette soirée où le crime a été commis. Il m’avait demandé un rendez-vous…
— Mais votre parole ne peut suffire.
— Il y a des preuves, et la justice les a maintenant.
— Est-ce bien possible, grand Dieu ! s’écria le comte hors de lui.