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ne nous ait pas souvent accusées d’ambition. Elle décida donc que, jusqu’à la publication des bans, Albert ne serait plus admis chez elle que tous les deux jours, deux heures seulement, dans l’après-midi et en sa présence. Nous n’avons pu la faire revenir sur sa détermination. Telle était la situation lorsque le dimanche matin on me remit un mot d’Albert. Il me prévenait que des affaires graves l’empêcheraient de venir, bien que ce fût son jour. Qu’arrivait-il qui pût le retenir ? J’appréhendai quelque malheur. Le lendemain je l’attendais avec impatience, avec angoisse, quand son valet de chambre apporta à Schmidt une lettre pour moi. Dans cette lettre, monsieur, Albert me conjurait de lui accorder un rendez-vous. Il fallait, me disait-il, qu’il me parlât longuement, à moi seule, sans délai. Notre avenir, ajoutait-il, dépendait de cette entrevue. Il me laissait le choix du jour et de l’heure, me recommandant bien de ne me confier à personne. Je n’hésitai pas. Je lui répondis de se trouver le mardi soir à la petite porte du jardin qui donne sur une rue déserte. Pour m’avertir de sa présence, il devait frapper quand neuf heures sonneraient aux Invalides. Ma grand’mère, je le savais, avait pour ce soir-là invité plusieurs de ses amies ; je pensais qu’en feignant d’être souffrante il me serait permis de me retirer, et qu’ainsi je serais libre. Je comptais bien que madame d’Arlange retiendrait Schmidt près d’elle…