Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/417

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

rang plus modeste. Mais, dites-moi, vous avez donc vu le comte votre père ?

Alors seulement Noël sembla remarquer les yeux de la sœur qui, allumés par la curiosité la plus pressante, brillaient sous ses guimpes, comme des escarboucles. D’un regard il l’indiqua au bonhomme.

— Je l’ai vu, répondit-il, et tout est arrangé à ma satisfaction… Je vous dirai tout, en détail, plus tard, lorsque nous serons plus tranquilles. Devant ce lit, je rougis presque de mon bonheur…

Force était au père Tabaret de se contenter de cette réponse et de cette promesse.

Voyant qu’il n’apprendrait rien ce soir, il parla de s’aller mettre au lit, se déclarant rompu par suite de certaines courses qu’il avait été obligé de faire dans la journée. Noël n’insista pas pour le retenir. Il attendait, dit-il, le frère de madame Gerdy, qu’on était allé chercher plusieurs fois sans le rencontrer. Il était fort embarrassé, ajouta-t-il, de se trouver en présence de ce frère ; il ne savait encore quelle conduite tenir. Fallait-il lui tout dire ? C’était augmenter sa douleur. D’un autre côté, le silence imposait une comédie difficile. Le bonhomme fut d’avis que mieux valait se taire, quitte à tout expliquer plus tard.

— Quel brave garçon que ce Noël ! murmurait le père Tabaret en gagnant le plus doucement possible son appartement.