Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ni des points, ni des virgules, ni des demandes, ni des réponses, il lisait tant que durait son haleine.

Quand il n’en pouvait plus, il respirait et ensuite repartait de plus belle. Involontairement il faisait songer aux plongeurs qui, de moment en moment, élèvent la tête au-dessus de l’eau, font leur provision d’air et disparaissent. Noël fut le seul à écouter avec attention cette lecture rendue comme à dessein inintelligible. Elle lui apprenait des choses qu’il lui importait de savoir.

Enfin, Constant prononça les paroles sacramentelles : En foi de quoi, etc., qui terminent tous les procès-verbaux de France.

Il présenta la plume au comte, qui signa sans hésitation et sans élever la moindre objection.

Le vieux gentilhomme alors se tourna vers Noël :

— Je ne suis pas bien solide, dit-il : il faut donc, mon fils, — ce mot fut souligné — que vous souteniez votre père jusqu’à sa voiture.

Le jeune avocat s’avança avec empressement. Sa figure rayonnait, pendant qu’il passait le bras de M. de Commarin sous le sien.

Quand ils furent sortis, M. Daburon ne put résister à un mouvement de curiosité.

Il courut à la porte, qu’il entr’ouvrit, et, tenant le corps en arrière, afin de n’être pas aperçu, il allongea la tête, explorant d’un coup d’œil la galerie.