Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine entamée et une bouteille d’eau-de-vie dont on avait bu la valeur de cinq à six petits verres.

À droite, le long du mur, étaient appuyées deux belles armoires de noyer à serrures ouvragées, une de chaque côté de la fenêtre. L’une et l’autre étaient vides, et de tous côtés sur le carreau le contenu était éparpillé. C’étaient des hardes, du linge, des effets dépliés, secoués, froissés.

Au fond, près de la cheminée, un grand placard renfermant de la vaisselle était resté ouvert. De l’autre côté de la cheminée, un vieux secrétaire à dessus de marbre avait été défoncé, brisé, mis en morceaux et fouillé sans doute jusque dans ses moindres rainures. La tablette arrachée pendait, retenue par une seule charnière ; les tiroirs avaient été retirés et jetés à terre.

Enfin, à gauche, le lit avait été complètement défait et bouleversé. La paille même de la paillasse avait été retirée.

— Pas la plus légère empreinte, murmura Gévrol contrarié, il est arrivé avant neuf heures et demie. Nous pouvons entrer sans inconvénient maintenant.

Il entra et marcha droit au cadavre de la veuve Lerouge, près duquel il s’agenouilla.

— Il n’y a pas à dire, grogna-t-il, c’est proprement fait. L’assassin n’est pas un apprenti.

Puis, regardant de droite et de gauche :

— Oh ! oh ! continua-t-il, la pauvre diablesse était