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DE ROTATION

peut couper les muscles qui déterminent cette torsion de la tête sans abolir le mouvement de rotation. Cette objection directe s’applique aussi bien à la théorie de Schiff qu’à celle de Brown-Séquard.

Dans aucune de ces hypothèses on ne tient assez compte, je crois, du mouvement de rotation, à savoir la tendance engendrée dans les centres encéphaliques par la lésion, tendance qui force l’animal à tourner. En effet, le mouvement giratoire s’effectue, non par suite de paralysies ou d’excitations qui donneraient une prédominance à certains groupes musculaires unilatéraux, mais parce que du centre nerveux partent des impulsions au mouvement de rotation. Il ne faut pas confondre cette opinion avec celle qui rattache ces mouvements à un vertige dû à un trouble des sens, de la vision surtout.

Cette théorie, mise au jour par Henle, a été de nouveau soutenue par Gratiolet et Leven. Nous avons déjà parlé de la déviation des axes visuels lorsqu’on blesse un pédoncule moyen du cervelet, déviation qui se produit très souvent quelle que soit la lésion qui engendre la rotation ; or, ce serait ce strabisme qui, d’après les auteurs précédents, déterminerait le mouvement giratoire. « Les yeux, disent Gratiolet et Leven, se dirigent automatiquement vers le côté lésé, la tête suit les yeux, et le corps à son tour la tête, en vertu de cette influence générale que les yeux exercent sur les mouvements du corps. »