Cette page n’a pas encore été corrigée
50
ARMINIUS,
- L’intérêt de l’empire, et le vôtre, et le mien,
- Ne me sauraient montrer, que ce que je vois bien.
- Quand je ne voudrais pas, et vivre, et mourir libre ;
- Et quand j’ignorais la puissance du Tibre ;
- Le juste et seul désir que j’ai de me venger,
- Verrait changer la terre, avant que de changer.
- Qui m’outrage une fois, n’apaise plus mon âme ;
- Le temps, même le temps, irrite encore sa flamme ;
- Le feu de la colère, éternel en mon cœur,
- S’entretient, et résiste, à ce puissant vainqueur.
- Non, quand Germanicus, et toutes ses cohortes,
- (Fussent elles encore plus fières et plus fortes ;)
- Quand l’empire romain s’armerait contre nous,
- On me verrait vaincu, mais non pas mon courroux.
- Que ce superbe oiseau qui porte les tempêtes,
- Nous couvre de son aile, ou fonde sur nos têtes ;
- Qu’il avance ou recule, un danger apparent,
- Si je me puis venger, tout m’est indifférent.
- Je ne suis les romains, que pour cette vengeance ;
- Je sais qu’en les suivant, je commets une offense ;
- Mais quoi, pour se venger, tout doit être permis ;
- Et l’on peut employer jusqu’à ses ennemis.
FLAVIAN.
- Ha, que vous m’obligez !
SEGESTE.
- Je m’oblige moi-même,