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— Oh ! c’est vrai, dit Julien, il y a un rosier dans un pot qui ressemble si bien à un rosier pour de bon, que je n’aurais jamais voulu croire qu’il fût en papier, si ce n’était vous, Madame Gertrude, qui me l’avez assuré.

— D’où viennent ces fleurs, Julien ?

— Je n’en sais rien du tout, mais elles sont bien jolies.

— Elles viennent de l’ancienne capitale de la Lorraine, de Nancy, une grande et belle ville de 102.600 âmes. Nancy est la seule ville de France qui rivalise avec Paris pour les fleurs artificielles. Vous le voyez, Julien, les femmes de Lorraine sont laborieuses, et leur bon goût est renommé. Du reste, elles sont instruites : presque toutes savent lire et écrire. Les trois départements de la Lorraine sont parmi les plus instruits et les plus industrieux de la France.

FEMME DE LA LORRAINE BRODANT. — On appelle broderie un dessin tracé en relief sur un tissu avec du fil de soie, de coton, de laine, d’or ou d’argent. — Le métier de brodeuse est très fatigant pour la vue ; l’immobilité qu’il exige et la position assise sont également fâcheuses pour la santé. Il serait bon que les brodeuses eussent toutes un second état qui leur permit de temps à autre de se délasser du premier.

— Mais, dit le petit garçon, on fait bien d’autres choses en Lorraine que des glaces, des fleurs et des broderies.

— Oh ! certainement, Julien ; mais je n’ai voulu vous parler que des industries où nous tenons le premier rang en France et en Europe. Travailler est déjà bien, mon enfant ; mais travailler avec tant d’art et de conscience que notre patrie puisse tenir le premier rang au milieu des autres nations, c’est un honneur dont on peut être fier, n’est-ce pas, Julien ?

— Oh ! oui, dit l’enfant, et je suis content de savoir qu’il en est ainsi de notre Lorraine.



XXVI. — La modestie. — Histoire du peintre Claude le Lorrain.


« Voulez-vous qu’on pense et qu’on dise du bien de vous, n’en dites point vous-même. »


Un jour Julien arriva de l’école bien satisfait, car il avait