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au roi son avis et ses idées de réforme : le roi fut irrité, et le poète fut disgracié.

Racine, qui était déjà malade et dont la sensibilité naturelle était extrême, éprouva un vif chagrin ; son mal s’aggrava et il mourut deux ans après.


II.   BOILEAU, né à Paris en 1636, fut aussi l’un des principaux poètes du siècle de Louis XIV. Il tourna en ridicule, dans ses vers, les vices et les défauts de son temps.

Boileau avait autant de cœur que d’esprit et il le prouva à plusieurs reprises. Un jour on lui apprend que le ministre a retiré au vieux Corneille la pension qui lui avait été accordée en récompense de ses glorieux travaux. Corneille n’avait pour vivre que cette pension. Aussitôt Boileau demande à être introduit près du roi :

— Sire, lui dit-il, je ne saurais me résoudre à recevoir une pension de Votre Majesté, tandis que notre grand Corneille ne reçoit plus la sienne ; si l’état des finances exige un sacrifice, qu’il retombe sur moi et non sur notre plus illustre poète.

Louis XIV consentit à rétablir la pension de Corneille.

BOILEAU et son jardinier. — Boileau naquit à Paris en 1636 et y mourut en 1711. Il avait une maison de campagne aux environs de Paris, à Auteuil, et il raconte dans de jolis vers les causeries qu’il aimait à faire avec son jardinier.

Un autre jour, Boileau apprend qu’un savant magistrat de l’époque, Patru, est dans la misère et qu’il est réduit pour vivre à vendre sa bibliothèque. Patru va céder ses livres, ses chers livres, son plus grand trésor, et cela pour une faible somme, parce que les acheteurs abusent du besoin où il se trouve. Aussitôt Boileau va trouver Patru : il lui propose d’acheter ses livres, et lui en offre un prix élevé ; Patru accepte. — Fort bien, dit Boileau, mais je mets à notre marché une condition. — Laquelle ? — C’est que vous me rendrez le service de garder dans votre maison tous ces livres qui ne reviendront dans la mienne qu’après votre mort. — Et Patru, les larmes aux yeux, remercie Boileau de cette générosité délicate. Le prix d’un bienfait est double, quand ce bienfait cherche à se cacher lui-même.


III.   Parmi les savants nombreux que Paris a vus naître, un des plus illustres est LAVOISIER, né en 1743. Il fit ses études dans les grands collèges de Paris et y obtint les plus beaux succès. Dès sa première jeunesse il montra un goût très vif pour les sciences ; il étudia l’astronomie, puis la botanique avec Jussieu, et enfin une science qu’il devait plus tard transformer et renouveler : la chimie. C’est la chimie qui enseigne de quels éléments les différentes choses sont composées, par exemple de quoi sont formés l’air, l’eau, le feu. C’est cette science qui apprend aussi à fabriquer tant de choses dont nous nous servons : l’alcool, le vinaigre, la potasse, la soude,