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Perpignan acheva son entrée et prit sa place au bord du quai animé, où des marins et des hommes de peine allaient et venaient chargés de marchandises.

Une planche fut jetée pour aller du bateau au quai, et l’on mit pied à terre.

Le patron, qui avait l’œil vif, avait remarqué un homme assis à l’écart sur un tas de planches et qui, pâle et fatigué comme un convalescent, semblait considérer avec attention le mouvement d’arrivée du bateau. Le patron frappa sur l’épaule d’André : — Regarde, dit-il, je parie que voilà ton oncle, auquel tu as écrit l’autre jour.

André regarda et le cœur lui battit d’émotion, car cet inconnu ressemblait tellement à son cher père qu’il n’y avait pas moyen de se tromper. — Julien, dit-il, viens vite.

Et les enfants, se tenant par la main, coururent vers l’étranger.

Julien, de loin, tendait ses petits bras ; frappé, lui aussi, par la ressemblance de son oncle avec son père, il souriait et soupirait tout ensemble, disant : — C’est lui, bien sûr, c’est notre oncle Frantz, le frère de notre père.

En voyant ces deux enfants descendus du Perpignan et qui couraient vers lui, l’oncle Frantz à son tour pensa vite à ses jeunes neveux. Il leur ouvrit les bras : — Mes pauvres enfants, leur dit-il en les embrassant l’un et l’autre, comment m’avez-vous deviné au milieu de cette foule ?

— Oh ! dit Julien avec sa petite voix qui tremblait d’émotion, vous lui ressemblez tant ! J’ai cru que c’était lui !

L’oncle de nouveau embrassa ses neveux, et tout bas : — Je ne lui ressemblerai pas seulement par le visage, dit-il ; enfants, j’aurai son cœur pour vous aimer.

— Mon Dieu, murmurèrent intérieurement les deux orphelins, vous nous avez donc exaucés, vous nous avez rendu une famille !



LXXXVI. — Les sages paroles de l’oncle Frantz : le respect dû à la loi. — Un nouveau voyage.


Il faut se soumettre à la loi, même quand elle nous paraît dure et pénible.


L’oncle Frantz était sorti de l’hôpital depuis huit jours. Il avait loué sur un quai de Bordeaux une petite chambre. Dans